Greffe de gencive

Qu’est-ce que la gencive?

La gencive est un tissu mou de la bouche couvrant l’os alvéolaire (l’os de soutien des dents) et enserrant la base des dents afin de les garder en place.

Deux types de gencives sont présentes en bouche: la gencive attachée, qui soutient les dents, et la muqueuse libre. Nous nous concentrerons ici sur la gencive attachée.

Une gencive saine se caractérise de la manière suivante:

  • Elle est rosée et ferme, a une texture semblable à celle d’une pelure d’orange et elle se colle complètement aux dents;
  • Son volume permet de supporter convenablement les dents;
  • Elle n’est ni rouge ni enflée (ce qui peut trahir la présence d’une inflammation);
  • Elle ne saigne pas au contact de la brosse à dents ni à celui de la soie dentaire;
  • Elle recouvre la dent de façon à camoufler la racine.

Qu’est-ce que le parodonte?

Le parodonte, parfois appelé périodonte (de l’anglais « periodontium »), est constitué des tissus qui soutiennent les dents, incluant :

  • la gencive (18, 19, 20, 21) ;
  • l’os alvéolaire (23) : partie de l’os de la mâchoire dans lequel les dents sont implantées;
  • le cément (7) : couche protectrice qui recouvre la racine des dents dans l’os alvéolaire;
  • le ligament parodontal (22) : tissu qui entoure la racine des dents et qui est situé entre le cément et l’os alvéolaire;
  • des éléments nerveux et des vaisseaux sanguins à proximité de la dent.

Un parodonte en santé permet de protéger et d’entourer adéquatement les dents. Lorsque le parodonte est affecté, il ne peut pas remplir son rôle protecteur. Les racines des dents peuvent alors être exposées, devenir instables et être plus vulnérables aux infections. Dans les cas les plus graves, un parodonte en mauvaise santé peut mener à la perte de dents.

Maladies gingivales

Selon l’Association dentaire canadienne, les maladies de gencive constituent le problème dentaire le plus répandu. Leur développement peut se faire de façon sournoise. En effet, la lenteur de la progression de la maladie et l’absence de la douleur au début de la maladie font en sorte que la personne affectée n’en est souvent pas consciente.

La bonne nouvelle est que les maladies gingivales, bien qu’elles puissent causer des dommages importants, peuvent très souvent être prévenues ou traitées lorsqu’elles sont détectées à un stade précoce. Cependant, lorsque la maladie est trop avancée, elle peut entraîner la perte de dents.

Facteurs de risque

Plusieurs facteurs doivent être considérés afin de déterminer la probabilité qu’une personne développe une maladie gingivale. Voici les plus importants :

  • hygiène bucco-dentaire déficiente;
  • maladies qui affaiblissent le système immunitaire (VIH/SIDA, leucémie);
  • système immunitaire affaibli par un stress important;
  • diabète, surtout s’il n’est pas contrôlé adéquatement;
  • changements hormonaux provoqués par la grossesse et la ménopause;
  • prise de certains médicaments qui engendrent des effets secondaires agissant au niveau des gencives;
  • tabagisme.

Qu’est-ce qui contribue à l’apparition des maladies de gencive?

De nombreuses bactéries sont présentes dans la bouche. Ces bactéries produisent des acides lorsqu’elles digèrent le sucre provenant des débris alimentaires. Ces acides, mêlés à des protéines salivaires et à des particules d’aliments, créent un biofilm (pellicule visqueuse) qui se dépose sur les dents et les structures avoisinantes. Si ce biofilm n’est pas enlevé rapidement par un brossage dentaire adéquat, il devient de la plaque dentaire qui, lorsqu’elle se minéralise, se transforme en tartre. Il est à noter que le tartre ne peut pas être enlevé par un brossage de dents ni par la soie dentaire; seul un détartrage professionnel peut le déloger.

La plaque dentaire et le tartre sont responsable de la carie dentaire et des problèmes gingivaux.

La gingivite

La gingivite est une maladie très répandue qui est causée par l’accumulation de plaque et de tartre sur les dents, ce qui provoque l’inflammation de la gencive.

Elle atteint aussi bien les adultes que les enfants et les adolescents.

Les symptômes de la gingivite sont très faciles à détecter :

  • les gencives se gonflent, deviennent rouges et ont un aspect lisse ou brillant;
  • les gencives saignent lors du brossage de dents, lors de l’utilisation de la soie dentaire ou encore spontanément sans raison apparente;
  • l’apparition de poches parodontales (espaces entre la gencive et les dents) est également possible dans certains cas;
  • on note une mauvaise haleine (halitose) persistante, même après le brossage des dents.

La gingivite est le premier stade (le moins grave) de la maladie parodontale. À ce moment, aucun signe de la maladie n’est visible sur une radiographie dentaire, ce qui indique que les structures qui supportent les dents ne sont pas atteintes. Le patient ne se plaint habituellement pas de douleur lors d’une gingivite mais il peut arriver qu’une douleur apparaisse lorsque l’inflammation des gencives se manifeste.

La bonne nouvelle au sujet de la gingivite est qu’elle est facilement traitable et prévenue lorsque des améliorations sont apportées à l’hygiène bucco-dentaire. On peut ainsi dire que la gingivite est réversible et ne dégénère pas si elle est traitée tôt.

Si vous voyez apparaître des signes de gingivite, il est très important de continuer à vous brosser les dents convenablement et à passer la soie dentaire même en présence de saignements des gencives.

Principaux types de gingivites

  • Gingivite simple ou chronique : C’est la gingivite la plus répandue. Elle est causée par la plaque dentaire et le tartre et peut être prévenue en adoptant de saines habitudes bucco-dentaires. Les principaux symptômes sont une gencive enflée, rouge, lisse et qui saigne facilement; la douleur est presque toujours inexistante.
  • Gingivite ulcéro-nécrotique : Elle est souvent présente chez les personnes dont le système immunitaire est déficient, soit par une maladie ou un stress important. La conséquence la plus grave de ce genre de gingivite, causée par des bactéries très agressives, est la destruction de la gencive, ce qui provoque l’apparition d’espace entre les dents et la gencive. Les symptômes sont similaires à ceux de la gingivite chronique mais sont additionnés d’une douleur aiguë et de saignements plus abondants.
  • Gingivite hypertrophique (hyperplasique): Elle est principalement causée par les effets secondaires de certains médicaments. Elle se distingue des deux autres types de gingivite par l’enflure plus importante des gencives; parfois, elles peuvent recouvrir les dents, ce qui pose un obstacle supplémentaire à leur nettoyage. Dans le cas de la gingivite hyperplasique, la texture et la teinte de la gencive sont normales, mais la gencive est très fibreuse.

La parodontite

La parodontite est une gingivite qui n’a pas été traitée ou qui a été détectée à un stade tardif. Elle atteint donc le parodonte (tissus qui soutiennent les dents). Elle représente le stade le plus avancé de la maladie des gencives et elle est grave car les dégâts qu’elle cause sont irréversibles. Le résultat le plus probant est la perte des dents entourées du parodonte atteint par la maladie.

Les dommages de la parodontite sont associés aux poches parodontales qui se forment autour des dents où le tartre s’est accumulé. Avec le temps, les bactéries présentes dans ces poches détruisent le parodonte, et plus particulièrement, le ligament parodontal et l’os alvéolaire. Ce faisant, les dents se déchausseront peu à peu, ce qui pourrait les faire paraître plus longues.

Les dents deviendront ensuite mobiles et tomberont éventuellement si aucune intervention par un professionnel de la santé dentaire n’est effectuée. La mobilité d’une ou plusieurs dents est ce qui amène habituellement un patient à consulter son dentiste plutôt que la douleur qui n’est généralement pas présente à ce stade de la maladie.

Plusieurs facteurs peuvent favoriser l’apparition de la parodontite :

  • la quantité et le type de bactéries se trouvant dans les poches parodontales;
  • la présence de certaines maladies qui influencent l’efficacité du système immunitaire du patient et sa capacité à combattre l’infection bactérienne qui s’est installée;
  • la génétique;
  • le tabagisme;
  • le diabète.

Évolution de la gingivite en parodontite

Tel qu’il a été mentionné ci-dessus, la parodontite est une gingivite qui n’a pas été traitée correctement. La gingivite n’occasionne habituellement pas de douleur et elle peut évoluer très lentement, c’est-à-dire sur plusieurs années, avant d’atteindre le stade de la parodontite. Il est donc important de rester à l’affût des signes de la gingivite afin de la traiter à la source ou de stopper son évolution avant qu’elle ne dégénère en parodontite car il est souvent trop tard pour intercepter la parodontite avant que des dommages irréversibles se produisent. Heureusement, ce ne sont pas toutes les gingivites qui se transforment en maladie parodontale plus sévère, mais tout signe de gingivite devrait tout de même être pris au sérieux.

La figure ci-dessous montre l’évolution typique d’une gingivite en parodontite. En comparant la première image à gauche et celle complètement à droite, il est facile de voir qu’une destruction osseuse s’est produite. Durant la phase terminale, la dent affectée est vouée à tomber car elle n’est plus soutenue par une quantité suffisante de parodonte, soit d’os alvéolaire, de ligament parodontal et de gencive.

Mesures préventives

La gingivite et la parodontite peuvent se prévenir par des moyens simples :

  • IMPORTANT : contrairement à ce que la plupart des gens pensent, il faut passer la soie dentaire AVANT de se brosser les dents car lorsque la soie dentaire sort de l’espace interdentaire, elle risque de propulser des débris de nourriture et des bactéries sur les dents.
  • Brossage de dents : il doit s’effectuer au moins deux fois par jour, idéalement après les repas mais surtout avant de se coucher le soir afin d’enlever la pellicule créée par les bactéries avec les dépôts alimentaires accumulés durant la journée.
  • Soie dentaire : la soie dentaire, lorsqu’elle est passée correctement une fois par jour, idéalement au coucher, permet de déloger des débris alimentaires et des bactéries qui se trouvent entre les dents, endroits difficilement atteignables par la brosse à dents. Pour en faire bon usage, c’est préférable de l’enrouler autour des majeurs ; ça vous donnera plus de dextérité.
  • Arrêt du tabagisme : fumer augmente considérablement le risque de développer des maladies parodontales. Un fumeur a donc tout intérêt à arrêter de fumer s’il veut garder ses dents longtemps et ses gencives en santé.

Visites régulières chez le dentiste

Une visite annuelle est essentielle et parfois, une fréquence plus rapide peut être recommandée pour les individus dont les gencives et les dents posent des défis particuliers.

  • Durant cette visite de contrôle, un examen clinique est effectué afin d’évaluer la qualité des dents et des gencives. Des radiographies sont également prises pour permettre au dentiste d’obtenir des informations supplémentaires sur les dents et les structures avoisinantes qui ne sont pas visibles à l’œil nu.
  • Si du tartre s’est accumulé sur les dents, un détartrage professionnel est effectué. Pour éviter qu’il ne revienne trop rapidement, des conseils peuvent être prodigués par l’hygiéniste ou le dentiste.
  • Il est important pour les femmes enceintes de faire examiner leur bouche par un professionnel de la santé dentaire au moins une fois durant la grossesse, préférablement durant le deuxième trimestre.

La récession gingivale

Lorsqu’il manque une quantité importante de gencive attachée autour d’une ou de plusieurs dents, la survie de ces dents est en péril. Cette condition est la récession gingivale, aussi appelée déchaussement dentaire. La récession gingivale peut causer, dans les cas les plus sévères, la perte de dents si le niveau de gencive attachée est inadéquat et qu’une trop grande partie de la racine dentaire est exposée.

La récession gingivale peut se produire à la suite d’une maladie de gencive ou d’un traitement orthodontique. Dans de nombreux autres cas, elle peut être causée par un brossage de dents inadéquat (trop vigoureux ou utilisant une mauvaise technique).

Dans l’exemple ci-contre, le déchaussement dentaire est sévère. En effet, une partie de la racine de la majorité des dents est visible, les faisant paraître beaucoup plus longues que la normale et la quantité de gencive pour les supporter est maintenant insuffisante. Si rien n’est fait pour améliorer la situation, cette personne risque de perdre les dents qui sont les plus touchées par le déchaussement.

Interventions chirurgicales aux gencives

La greffe gingivale

Une greffe gingivale peut être effectuée pour redonner une quantité suffisante de gencive autour des dents ou autour des racines de dents dénudées par le déchaussement. Les professionnels de la santé dentaire qui sont qualifiés pour ce type de greffe sont les dentistes généralistes (pour les cas simples) et les parodontistes (pour les cas plus complexes). Plusieurs techniques sont utilisées pour effectuer les greffes de gencive :

  • Greffe autogène libre : C’est la technique la plus ancienne de greffe gingivale. Elle consiste à prélever le greffon à partir du palais du patient et à venir l’installer au niveau de la gencive affectée par le déchaussement. Le résultat de cette méthode est moins esthétique que celui obtenu avec d’autres méthodes. Il n’est également pas recommandé d’utiliser ce type de greffe dans le cas où les racines dentaires doivent être recouvertes car cette technique arrête seulement la progression du déchaussement dentaire de façon minimale. Par contre, l’avantage de cette technique est l’absence de risque de rejet du greffon car ce dernier est prélevé dans la bouche même du patient.
  • Greffe de tissu conjonctif (greffe de recouvrement de racine par tissu conjonctif) : C’est une technique relativement récente et polyvalente. Le tissu conjonctif est prélevé sous la gencive superficielle du palais du patient et il est inséré sous la gencive adjacente aux dents qui sont affectées par le déchaussement. Ses principaux avantages sont les résultats très esthétiques obtenus ainsi que la possibilité de recouvrir à nouveau les racines dentaires affectées par la récession gingivale. Avec ce type de greffe, le patient ne peut pas rejeter le greffon car il provient de tissu prélevé dans sa bouche.
  • Greffe de recouvrement par tissu allogène (allogreffe) : Ce type de greffe est relativement récent. Un greffon d’un donneur externe, qui a été traité et qui est très sécuritaire, est implanté au niveau de la gencive d’un autre patient. Le principal avantage d’une allogreffe est qu’il n’y a qu’un seul site chirurgical car le greffon n’est pas prélevé du palais du patient. Elle donne également des résultats aussi esthétiques que la greffe de tissu conjonctif. Cependant, il y a un faible risque de rejet du greffon.

Le taux de succès des greffes de gencive est très élevé. Les effets bénéfiques de ces greffes perdurent pendant de nombreuses années bien qu’un peu moins longtemps chez les fumeurs.

La gingivectomie

La gingivectomie est une procédure chirurgicale qui consiste à enlever une partie de la gencive. Elle est effectuée sous anesthésie locale et n’entraîne habituellement pas de complications.

De récentes techniques permettent de faire des gingivectomies mineures à l’aide d’un laser à tissus mous, ce qui occasionne encore moins d’inconfort et de complications post-opératoires pour le patient.

Il existe trois applications principales à la gingivectomie :

  • Application esthétique : La gingivectomie permet d’enlever une partie de la gencive autour d’une ou de plusieurs dents afin d’harmoniser la forme de la gencive et d’améliorer l’aspect du sourire.
  • Traitement de l’hyperplasie gingivale : Quand la gencive prend du volume de façon inhabituelle au point où une partie ou la totalité d’une couronne dentaire est cachée, une gingivectomie est recommandée afin de réduire l’excédent de gencive. Si la situation reste telle quelle, le patient s’expose à un risque élevé de développer une parodontite. L’excroissance de la gencive peut être dûe entre autres à la prise de médicaments reconnus pour générer un surplus de gencive comme ceux contre l’épilepsie et l’hypertension.
  • Traitement parodontal : Dans le cadre d’un traitement parodontal, la gingivectomie consiste à couper un surplus de gencive non attachée à une dent afin de pouvoir réduire la profondeur d’une poche parodontale qui s’est formée lors d’une maladie gingivale. Cette procédure permettra d’effectuer un nettoyage (connue sous le nom de curetage parodontal) et facilitera ainsi l’hygiène dentaire du patient

La gingivoplastie

La gingivoplastie est une intervention chirurgicale mineure ayant pour but de remodeler le contour de la gencive. Elle permet de rendre un sourire plus attrayant et harmonieux et de compléter une gingivectomie qui, à elle seule, ne donnerait pas des résultats optimaux.

La procédure est habituellement effectuée par les mêmes professionnels de la santé dentaire que ceux qui font des gingivectomies, soit les dentistes généralistes et les parodontistes. Une anesthésie locale est nécessaire pour effectuer une gingivoplastie et un laser à tissus mous peut être utilisé. Les complications sont rares et les inconforts post-opératoires sont minimes.

La gingivoplastie est souvent utilisée dans le cadre d’un traitement orthodontique afin de finaliser l’esthétisme du sourire. En effet, en déplaçant des dents ayant des couronnes de différentes longueurs, il se peut que la ligne du sourire ne soit pas optimale à cause de la gencive qui contourne les dents de façon irrégulière.

Un professionnel de la santé dentaire peut également faire appel à la gingivoplastie dans le cadre d’un traitement de maladies des gencives. Dans ce cas, elle permet de redonner à la gencive une forme normale après avoir traité l’os alvéolaire déformé, endommagé ou nécrosé.